Qualité de l’air au bureau, un enjeu de santé comme de productivité.

Qualité de l’air au bureau, un enjeu de santé comme de productivité.

Dans la tête des salariés, des RH comme de la politique RSE, le bien-être au travail a le vent en poupe et il ne cesse de progresser ces dernières années. De multiples actions ont été mises en place et la crise sanitaire actuelle nous amène à accélérer certaines d’entre elles, notamment celles qui concernant la santé.

Face à ce constat, 10h11 emboîte le pas à la reprise du travail au sein des entreprises et souhaite mettre en lumière la notion de qualité de l’air dans les bureaux. 

Au travers d’exemples concrets, nous vous proposons de passer aux révélateurs la donnée des capteurs IOT issus de bureaux modernes en France.

Qualité de l’air au bureau, un enjeu de santé comme de productivité.

Température, hygrométrie comme taux de CO2, comment pouvons-nous faire progresser la qualité de vie au travail au travers de ces données relevées ?

Je vous propose de dérouler nos propos en 3 parties : 

  1. Révélation : retour sur un cas concret 
  2. Confirmation : le calcul d’un coût
  3. Solution : déploiement d’un prototype

Avant de commencer, nous profitons de cette tribune pour remercier GA Smart Building pour nous avoir fait confiance sur un set de données ainsi que pour l’autorisation de communiquer sur le sujet.

(Crédit LCI : impact de la température et de l’humidité sur le COVID-19)

Révélation : retour sur un cas concret

Comme évoqué, 10h11 a eu l'opportunité de travailler avec GA Smart Building sur un set de données d’un bâtiment ultra moderne disposant de capteurs permettant la relève de la température, de l’hygrométrie comme du taux de CO2.

Pour faciliter la prise de conscience liée à cette étude, je vous propose de nous concentrer sur le taux de CO2 qui nous a apporté les éléments de réflexion les plus probants. En effet, non pas que l’hygrométrie et la température ne soient pas des enjeux sanitaires importants dans les bureaux (voir références en fin d’article), les données issues du bâtiment d’étude concernant ces deux paramètres restaient conformes aux standards sanitaires.

En revanche, le taux de CO2 s’est montré plus délicat à maîtriser.

Nous avons analysé 42 environnements du bâtiment à l’étude. Nous entendons par environnement des salles de réunions, des bureaux fermés, des open-spaces et enfin des espaces dit “divers” (exemple hall d’accueil)

Graphiques montrant la qualité de l'air des environnements à l'étude.

Le graphique ci-dessous est dur à lire, je vous l’accorde. Chaque graphique représente un environnement à l’étude. Simplement, si vous regardez le nombre de pics qui dépassent le fameux trait rouge sur chaque graphique, vous comprendrez ainsi que le CO2 dépasse les 1 000 ppm. Cette valeur de “> 1 000 ppm” est considérée comme excessive voir nocive pour travailler.

Le ppm, qu’est ce que c’est ?

L’acronyme « ppm » signifie « partie par million ». C’est une unité de mesure utilisée par les scientifiques dans l’objectif de calculer le taux de pollution dans l’air. Comme son nom semble l’indiquer, le ppm permet de savoir le nombre de molécules de polluants que nous pouvons trouver sur un million de molécules d’air. Par cette mesure, cet indicateur permet de rendre compte de manière compréhensible de la quantité de pollution dans une masse d’air donnée et par la même occasion de l'impact nocif de ces polluants sur l’atmosphère.

Alors pourquoi cette barrière rouge sur le graphique de 1 000 ppm ?

Harvard a publié en 2016 une étude scientifique avec l’objectif suivant :

We simulated indoor environmental quality (IEQ) conditions in “Green” and “Conventional” buildings and evaluated the impacts on an objective measure of human performance: higher-order cognitive function (source disponible en fin d’article).

Les résultats de l’étude proposent notamment les métriques suivantes :

"Cognitive function scores were 15% lower for the moderate CO2 day (~ 945 ppm) and 50% lower on the day with CO2 concentrations of ~1,400 ppm"

"On average, a 400-ppm increase in CO2 was associated with a 21% decrease in a typical participant’s cognitive scores across all domains after adjusting for participant"

Selon cette étude, les fonctions cognitives sont donc fortement impactées dans leur performance lorsqu’un sujet se trouve dans un environnement soumis à un taux de ppm supérieur à 1 000 ppm.

Nous avons résumé le graphique précédent en un nouveau graphique ci-dessous qui classe par moyenne les environnements : 

Environnements classés par moyenne.

Les bureaux (en haut à gauche), les divers (en haut à droite), les open-spaces (en bas à gauche) et les salles de réunions (en bas à droite).
La barre rouge des 1 000 ppm est toujours présente.
Comme vous pouvez le constater, nous dépassons dans une proportion non négligeable les 1 000 ppm au cours des heures de la journée dans chaque catégorie d’environnement observé.

Ainsi, les conditions de travail ne sont pas optimales voir problématiques pour permettre des fonctions cognitives à 100% pour les collaborateurs de ce bâtiment.

Considérant la modernité du bâtiment observé, nous pouvons envisager que ce n’est pas le seul bâtiment au monde à souffrir d’une telle problématique de taux de CO2.

Alors, en complément de l’aspect sanitaire, comment considérer cet enjeu de manière économique pour l’entreprise ?

Confirmation : le calcul d’un coût

Sur la base des éléments observés dans la partie 1 de cet article, nous vous proposons de porter un regard économique sur le sujet. Nous le savons, l’enjeu de santé est important pour les entreprises et les accélérations pour les améliorer se font d’autant plus vives lorsqu’elles permettent de faire des économies ou bien d’optimiser la rentabilité.

Alors, sur la base de l’étude menée, nous avons considéré le temps où le ppm était compris entre 1000 et 1400 et le temps ou le ppm était compris entre 1400 et plus.

Sur cette base, nous avons appliqué les pertes de capacité cognitive mesurées lors de l’étude d’Harvard (précédemment citée) considérant cette perte imputable à la productivité du sujet. En effet, lorsque vous vous retrouvez en salle de réunion, si vos facultés cognitives sont dégradées, l’objectif de la réunion comme son résultat risquent d’être dégradés eux aussi. 

Si nous considérons un coût moyen par heure / salarié de 17€ (valeur à titre d’exemple), de 2,5 personnes en moyenne par meeting et que nous appliquons au prorata les pertes de capacités cognitives, cela nous donne les résultats suivants :

Au total, sur le bâtiment étudié, avec les paramètres précédemment cités,  le gain pour l’entreprise peut être de 1 000 € / mois par salle de réunion. Et cela, en complément de l’amélioration de la qualité de l’air.

Gain pour le salarié en termes de santé, gain pour l’entreprise en termes de productivité, cette analogie gagnante donne de bons espoirs pour créer les solutions permettant de faire en sorte que le taux de ppm reste en dessous de 1 000.

Regardons le prototype pensé par les équipes de 10h11.

Solution : déploiement d’un prototype

Quelques solutions existent évidemment dans l'univers des IOT pour mesurer le CO2, la température comme l’hygrométrie d’une pièce. Cependant, une fois les mesures faites, rien ne se passe. Les salariés n’en sont pas informés et les données sont souvent stockées sans être exploitées.

L’intérêt de la donnée réside dans son exploitation. La donnée doit être un matériau à transformer en connaissance, et la technologie le levier pour amener cette connaissance aux yeux du sujet intéressé.

Dans notre cas, l'exécutif d’un bâtiment est évidemment intéressé pour avoir accès à cette connaissance mais c’est surtout les usagers du bâtiment qui doivent être informés en temps réels de cette connaissance, dans notre cas, le taux de CO2.

En effet, lorsque ce taux dépasse 1 000 ppm, il est bon de le savoir. Il est encore mieux d’utiliser ce savoir pour le mettre aux yeux de l’usager présent dans la salle en question afin qu’il puisse agir et réguler l’air de la pièce. Cela peut se faire en laissant la porte ouverte, en ouvrant une fenêtre si cela est possible ou encore en démarrant l’aération.

Packaging de la solution ClearStation.

Dans son prototypage, 10h11 a imaginé un dispositif permettant la mesure dans chaque salle concernée, le tout relié à un dashboard permettant d’alerter comme de suivre en temps réel les mesures. 

Par ce biais, l’usager saurait en temps réel s’il se trouve dans une salle qui demande un ajustement du taux de CO2 et quels leviers d’actions mener pour y remédier. 

Le bâtiment prend la parole et prend soin de ses usagers. 

Interface de la solution ClearStation.

Évidemment, une autre option technologique serait de procéder en machine to machine, faire en sorte que le système de régulation d’air du bâtiment soit au courant des relevés de taux de CO2 en temps réel et ajuste automatiquement la qualité de l’air en fonction. Nous travaillons aussi cette hypothèse avec certains acteurs cependant tous les bâtiments ne disposent pas encore de l’architecture permettant un machine to machine efficient.

Cette dynamique rentre dans le mouvement que nous pourrions appeler “bâtiment API” c’est-à-dire qu’un bâtiment prend la parole telle une API pour communiquer les informations dont il dispose. Cette métaphore permet de donner vie informatiquement à un bâtiment et d’imaginer l’exploitation de sa donnée pour toute technologie autorisée.

Au regard des enjeux de santé comme de gain économique liés au sujet de la qualité de l’air et du taux de CO2 dans les bâtiments, notre équipe reste à votre disposition pour avancer sur la mise en place de solution comme de pilote sur tout type de bâtiment.

En espérant que cet article vous permettra de mieux appréhender le sujet. Tout commentaire est évidemment le bienvenu pour faire progresser les solutions sur le sujet.

RESSOURCES :

- Associations of Cognitive Function Scores with Carbon Dioxide, Ventilation, and Volatile Organic Compound Exposures in Office Workers: A Controlled Exposure Study of Green and Conventional Office Environments : https://ehp.niehs.nih.gov/doi/10.1289/ehp.1510037

- Interprétation des risques liées à la contamination fongique : https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/livres/outil-contamination-fongique/annexe-6-humidite.pdf

- Legislation température au travail :  https://www.cchst.ca/oshanswers/phys_agents/temp_legislation.html

- LCI Virus Covid :
https://www.youtube.com/watch?v=u851syACGoY&fbclid=IwAR21wGsN2ryxhEKWyj-DEWFOSS5CcF17zQfCNT9g8OlnovWIjs__5N_NIyI

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